Le concept (à lire obligatoirement)

C’était par un soir de tempête. Les vagues battaient la coque, toujours plus férocement. Le pauvre trois-mâts qui s’était laissé prendre dans ce piège atroce de vent monstrueux, de pluie giflant les visages, de vagues titanesques prêtes à renverser le bateau... ce pauvre trois-mâts, était dés lors condamné à sombrer au fond des abysses... L’équipage s’affolait, criant, pleurant, chantant un dernier chant d’adieux à cette longue vie de voyage... C’était une véritable marée de peur et de folie qui s’était emparée de l’équipage... Certains tombaient à l’eau, d’autres s’y jetaient volontairement. Et ceux qui restaient, les plus courageux, ceux qui ne pleuraient, ni ne criaient, ni ne chantaient, ceux-là se démenaient corps et âmes contre la tempête, dans une guerre vaine contre les cordes et les voiles qui déjà se détachaient... Le bateau n’eut pas le temps de couler, cela dit... A quelques dizaines de mètres de là, un horrible massif de roches pointues, laissant poindre hors de l’eau leurs canines acérées, semblait attirer à lui le pauvre équipage et son embarcation. Ceux qui n’avaient pas encore baissé les bras cessèrent leurs occupations, pour se joindre en une longue prière horrifiée, comme si leur Dieu pouvait encore quelque chose pour eux... Le bateau se fracassa le crâne sur les rochers, se brisant la coque, se déchirant les voiles... L’équipage fut arrosé d’une pluie de copeau de bois, sang même coulant de la blessure béant dans le flanc du bateau... Ils se protégèrent les yeux de l’eau salée qui se déversait sur leur tête, de ce poids horrible qui les enfonçait toujours un peu plus au fond d’eux-mêmes... C’était le poids même de la mort qu’ils pensaient soutenir sur leurs épaules, un poids qu’ils devraient porter pour l’éternité... Ensuite, le trou noir du néant les attira au fond de l’inconscient...

E pourtant, cette nuit, ils ne moururent pas... Eux et leur embarcation s’était bel et bien fracassés sur l’horrible dentition des rochers... Et voilà qu’ils se réveillaient au milieu d’une plage, entourés de dizaines de visages étonnés d’humains, mais aussi d’animaux de différentes espèces... Ces autres personne parlaient une autre langue, et ne ressemblaient pas aux autres espèces d’humains qui peuplaient la terre... Quant aux animaux, ils possédaient dans leur regard une sorte d’intelligence qui avait tout d’un homme. Un singe blanc qui semblait être centenaire s’approcha de l’équipage, encore ahuri entre les vagues et la plage. Au moment ou le vieux singe se posta devant les hommes, il se transforma en un vieillard... Il prononça dans leur langue, avec un accent connu d’aucune région :


Par delà le mirage, existe un autre monde
Monde où irréel et vérité se confondent
Ses peuples sont maîtres dans l’art de l’illusion
Terres du changement, de la transformation...

Il avait chanté ce refrain d’une voix faible et douce à la fois... Les naufragés apprirent bien vite à connaître ce monde. Sept peuples vivaient sur ce continent, qui se cachait derrière un mirage de pics abrupts sortant de l’océan. Le premier était celui du feu, le second celui de l’eau, ensuite venaient ceux du jour et de la nuit, ainsi que ceux de la terre et du vent, en dernier lieu, venait celui du Chaos...

Au commencement, ils n’étaient que six, le peuple du Chaos n’existait alors pas. Ils croyaient par dessus tout en l’équilibre, et avaient plusieurs dieux : Le dieu Hedel, seigneur des canicules et du soleil brulant. Son représentant terrien était le peuple du feu. Venait ensuite la déesse de la pluie et des tempêtes, Hujan, représentée par le peuple de l’eau. Il y avait également les dieux Matahar et Bulan, dieu du jour et déesse de la nuit, les deux divinités du temps qui s’écoule, dont les émissaires terriens étaient les peuples du Jour et de la Nuit. Tanah était la déesse des tremblements de terre, ainsi que de la fertilité de la terre. Finalement, venaient Utara, Adalah, Selatan et Barat, les quatre dieux jumeaux, divinités des quatre directions du vent, qui lorsqu’ils s’unissaient pouvaient créer les tornades et les ouragans. Seulement, ce fut à croire que cette équilibre et cette prospérité ne convint pas à tout le monde, car bien vite des habitants de différents peuples se forgèrent une autre idée, et un dieu supplémentaire : Demekiar, le dieu du Tout et du Rien, le dieu absolu. Jusqu’alors les autres dieux n’étaient autre que les représentants des différentes forces de la nature : le feu, l’eau, la terre, le vent et le temps qui s’écoulait jour après jour, nuit après nuit... Mais il manquait cependant un Dieu : celui pour tout diriger, qui représenterait le Néant, ainsi que toutes les autres puissances... Au début, Demekiar, le nouveau dieu n’était pas une menace pour les autres peuples, tant ses adeptes étaient peu nombreux... Mais bien vite, ceux à croire au Dieu du tout et du rien furent de plus en plus nombreux. Comme les rois et les autres habitants refusaient de les écouter, ils décidèrent de quitter leurs peuples respectifs, pour s’unir en un seul peuple : le peuple du Chaos... Ils avaient un seul but commun : que tous les peuples soient unis en un seul et même peuple, dont Demekiar serait l’unique Dieu. Une longue guerre commença entre les différents pays et le Peuple du Chaos. Et quand l’équilibre fut rompu, les peuples cessèrent de s’entendre. Ils vivent à présent dans la méfiance l’un de l’autre et les dialogues entres différents pays sont pour ainsi dire inexistants... Le deuxième code est freedom...