Joyeuse petite balade... ^.^

Matahan, suivit de son hôte le roi Traylim, venait de quitter le palais d'un pas joyeux et assuré. Ils étaient en réalité sorti par une porte secrète, du moins le roi du Peuple du Jour avait plus ou moins "obligé" son compagnon à sortir par derrière afin que sa propre armée ne l'apperçoive pas. Ainsi donc, le souverain marchait sans escorte en pleine rue, abordant n'importe qui, achetant n'importe quoi, au grand damn de son accompagnateur. Car, oui, il avait... très légèrement bu un peu trop d'alcool.

C'est avec un drôle de chapeau fraîchement acheté décorant sa tête et une démarche légèrement chancelante qu'il se tourna vers Traylim, ouvrant grand les bras dans sa direction.

-Mon cher ami ! Votre pays est tellement excitant, je me sens si bien ici ! Voudriez-vous me faire visiter d'avantage, je vous prie ?

Il ricana tout seul et se remit en route, sans prendre la peine d'attendre le pauvre petit roi du Vent. Il était hors de question qu'il rentre chez lui maintenant, il s'amusait trop, pour le moment...

Traylim ne semblait absolument pas remarquer que Matahan était ivre, et il répondit simplement...

- ^^ Bien évidemment ! Je me ferai une joie de vous accompagner ! Bon, nous pourions nous rendre à la grande place...

Un large sourire apparut sur son doux visage, il n'avait aucune idée du chemin qu'il fallait prendre ! Et puis, compte tenu de son incroyable sens de l'orientation, même s'il connaissait la route à prendre, il arriverait encore à se perdre.

- Huuuum...et bien, il me semble qu'il faut tourner à gauche...

Ils se trouvaient en plein coeur de la ville, alors Traylim supposait qu'il suffisait de prendre n'importe quelle route pour parvenir à l'endroit désiré. Enfin...c'est bien ce qu'il supposait.

Au bout d'une bonne vingtaine de minutes, le roi du Vent finit par se rendre compte qu'ils étaient perdus. Alors, pour que Matahan ne s'en rende pas compte immédiatement, il commença une nouvelle conversation, sans importance.

- ^^ Hum, et bien, le soleil commence à se coucher...j'ai entendu dire que dans votre pays, la nuit n'existait pas. Est-ce que cela ne vous dérange pas autant de lumière ?

Matahan vagabondait joyeusement entre les échopes, ignorant presque la présence de son hôte, et ignorant encore d'avantage où il se trouvait. Sauf que, dans l'état où il était, cela lui importait très peu de retrouver son chemin, et de toute façon, même sobre, se prommener sans connaître la ville relevait à perdre de toute façon son chemin. Donc, parfaitement conscient qu'il ne retrouverait jamais la bonne route sans Traylim, il tentait de ne pas le perdre de vue, malgré qu'il marchait une bonne centaine de pas devant lui. Seulement, celui-ci le rattrapa afin de lui adresser la parole, que le Roi du Jour n'écouta que d'une oreille peu attentive.

- ^^ Hum, et bien, le soleil commence à se coucher... j'ai entendu dire que dans votre pays, la nuit n'existait pas. Est-ce que cela ne vous dérange pas autant de lumière ?

Le soleil, se coucher ??

N'ayant que très peu voyagé dans sa vie, toutes les fois où Matahan s'était aventuré loin de son royaume avaient relevé d'un abominable calvaire. Le jeune homme avait toujours vécu en pensant que le soleil était sa "bonne étoile", son "ange gardien", bref qu'il veillait sur lui, et le voir disparaître, c'était comme s'il risquait de lui arriver malheur à tout moment. En bref, Matahan avait une peur bleue de la nuit, et donc du noir, et dormait toujours avec les rideaux de sa chambre vitrée grand ouverts. La première fois qu'il avait dormi en pays voisin, il avait allumé toutes les bougies du château et s'était réfugié dans une pièce éclairé, affrayé et incapable de fermer l'oeil. Alors imaginez la tête qu'il devait tirer à ce moment là ! Le teint livide, il se tourna vers Traylim comme si la mort allait bientôt le frapper.

-La nuit vous dites ?? Par Matahar, j'avais fait exprès de venir très tôt pour partir avant votre nuit !! Il faut que je retrouve mon armée et que je parte aussitôt, et vite !

Il se mit soudainement à presser le pas dans n'importe quelle direction, mais comprit vite qu'il ne retrouverait jamais ainsi le palais du Vent. Il retourna rapidement vers Traylim et commença à le secouer comme un prunier.

-Qu'est-ce que vous attendez ?? Ramenez-nous à votre palais !

Voyant la mine confuse du Roi du Vent, Matahan ne put se retenir de placer ses mains en porte-voix et de commencer à crier, au beau milieu de la foule :

-Nusso ! Nusso !! Ramène-toi, conseiller à la noix, c'est ton roi qui parle ! Viens me chercher tout de suite !! Nusso !!

Trop excité pour faire attention à quoi que ce soit, le roi du Jour ne remarqua pas la bêtise qu'il venait de commettre ; en plein milieu d'une foule de citoyens, il venait de crier à tout le monde qu'il était roi, et qu'il voyageait seul, et donc sans gardes du corps...

Traylim ne le remarqua pas immédiatement, mais le roi Matahan venait de révéler à tous les passants son noble titre. Il se souvenait que ses conseillers lui avaient plusieurs fois répété de ne jamais dire à quelqu'un dans la rue qu'il était roi, car les conséquenses de cette révélation pourraient ne pas tourner en sa faveur. Savoir qu'une personne riche se promène juste à vos côtés est, pour un pauvre paysant idiot, une occasion de...vous remplir quelque peu les poches...les riches ont souvent des objets de valeur sur eux.

Alors...Traylim décida d'improviser une excuse...il regarda les quelques dix personnes qui les fixaient et leur sourit.

-Désolé du dérangement ! Nous répètons une pièce de théatre !

Aussi miraculeux que cela puisse être, Traylim avait réussit à trouver une excuse valable ! Lui qui d'habitude, ne réussi jamais à tromper qui que ce soit...

Une femme d'un certain âge s'approcha alors d'eux deux et leur parla d'un language peut soutenu, mais Traylim réussit tout de même à comprendre, en gros, ce qu'elle leur racontait.
Elle avait en fait cru qu'ils faisaient partie de la troupe de comédiens qui étaient de passage dans la ville, et qui avaient planté leur tente au centre de la Grande Place.

- Eumm...oui oui ! C'est celà ! ^^' Pourriez-vous nous dire quel chemin prendre pour y parvenir ? Le spectacle va bientôt commencer héhé ! ^^'

Même en connaissant la route, Tray faillit encore se perdre, mais heureusement, Matahan était là et sut les emmener vers la Grande Place. Là il y avait beaucoup de gens rassemblés, des lumières de toutes les couleurs brillaient et fasaient oublier qu'il faisait nuit. Le spectacle allait débuter d'ici peu de temps.

Un spectacle allait débuter, oui... mais comme l'avait probablement décidé le monteur de cette pièce, elle devait avoir une atmosphère sombre, car il faisait déjà pratiquement nuit. Quelle idée, diriez-vous, de débuter une pièce le soir ? Matahan ne comprenait pas cette logique, il ne voulait pas la comprendre, tout ce qu'il voulait c'était se retrouver instantanément chez lui, et de s'endormir dans un fauteuil à bascule face au soleil.
Le soleil...
Où était-il, à présent ? Caché, honteux, souillé, il ne brillait plus, il n'était même plus là. À sa place se tenait fièrement sa soeur, la lune, ou quelque chose du genre. Le Roi du Peuple du Jour ne voulait pas la voir, cette lune, qu'elle aille au diable et qu'elle cesse de le faire angoisser de cette façon ! Face aux milles éclats lumineux et colorés de la scène, Matahan se sentait seul, et très peu rassuré. Après tout, il était un roi sans escorte, et sa seule compagnie du moment était celle d'un jeune garçon très petit de taille et incapable de se débrouiller. Non, sérieusement, Matahan n'était pas rassuré...

La pièce débuta, sous les applaudissement du public. Traylim devait apprécier ce genre de spectacle, car il joignit les battements frénétiques de ses mains à ceux de la foule. Mais le roi du Jour n'avait pas du tout le coeur à s'amuser, il se renfrognait, grognait et fut à plusieurs reprises pris de frissons, dû au froid où à l'angoisse, au choix. En réalité, il n'avait jamais réellement aimé le théâtre, même en temps normal, cela l'ennuyait. Il avait déjà exigé de changer de pièce en pleine représentation mais, quand on lui avait affirmé que c'était impossible, il s'était endormi sur le dernier acte de Shakespeare. Autrement dit, rien de tout ce qu'il était en train de vivre là ne lui plaisait, ou ne devait lui plaire, car pourtant...
Malgré la foule, malgré la représentation, même malgré la nuit, quelque chose empêcha Matahan de sombrer entièrement entre la colère, la peur et l'ennui. Cette chose, plutôt cette personne, elle se trouvait devant elle, en train d'admirer un homme relater de manière dramatique ses problèmes de coeur. Oui, la simple présence du roi du Vent arrivait à appaiser ne serait-ce qu'un peu le coeur du roi, peut être grâce à son air innocent et insouciant. Le fait même de savoir ce jeune homme passionné par le spectacle donnait envie à son invité à le regarder, lui aussi. Mais ce n'était pas ça qui allait faire changer l'opinion de Matahan sur le théâtre, tout aussi surprenant que cela puisse être.

À la fin de la représentation, le roi du Jour gromela une remarque sarcastique, signe qu'il n'avait pas aimé la représentation, puis posa ses deux mains sur les épaules de son hôte, très calme, avant de prendre la parole.

-Cher Tra... Traylim (il retint un hoquet, dernier effet de la dizaine de verres de vin de la journée). Je ne... supporte pas l'absence de lumière, voyez-vous, hem... Auriez-vous l'amabilité de me ramener à votre château disons... immédiatement ?

Une lueur inquiétante brillait dans ses yeux, il avait du mal à cacher sa peur. Le roi du Vent allait devoir faire vite s'il ne voulait pas risquer une crise de nerf de la part de son compagnon.

Retourner au palais...oui, retourner au palais...mais comment pourait-il faire une chose aussi miraculeuse ?

- ^^' Oui ! Tout de suite, seigneur Matahan !

Alors qu'il commençait à s'inquièter sur le chemin qu'il allait empunter, que de grosses gouttes de sueurs s'étaient mises à couler sur son frond, il sentit quelqu'un tirer sur la manche de sa veste. Matahan avait demandé le chemin à un passant, et rapidement, il avait réussi à tirer Traylim vers le chateau.

Arrivés à l'intérieur, Tray vit Matahan se "réfugier" dans un coin illuminé de toutes parts. S'approchant de celui-ci, Tray lui adressa un sourire aussi doux que du miel, et lui dit...

- Quoi qu'il en soit, j'ai été très heureux de partager cette journée avec vous, Seigneur Matahan !! J'espère vraiment que nous pourrons nous revoir à l'avenir ! ^^

Ce n'était pas rien que par politesse qu'il avait dit cela, se tenir auprès de cet homme lui plaisait réellement. Il était vraiment différent des autres personne qu'il côtoyait d'habitude. Il s'était lié d'amitié avec lui vraiment rapidement, et Matahan allait lui manquer en son absence, il le sentait.

Matahan regarda le jeune Traylim, légèrement surpris par son aimable remarque, et le fixa un instant de son unique oeil, ne sachant pas quoi penser. Que devait-il répondre, dans ces cas-là ? Qu'il avait apprécié leur rencontre, lui aussi ? Non, il ne voulait pas passer pour quelqu'un comme ça. Aussi se redressa-t-il de toute sa hauteur, fermant les yeux, fronçant les sourcils, et s'adressa au Roi du Vent sur un ton de reproche :

-Désolé, mais je n'ai pas supporté le fait de me retrouver seul au milieux de petites-gens, perdu et en plein milieu de la nuit. Cette journée fut très désagréable, et je me dois de vous faire part de mon mécontentement !

Sur ce, il passa à côté de Traylim comme si celui-ci était devenu invisible, et se rendit à l'entrée du château. Là, il retrouva toute son armée, toujours à la même place, occupée à jouer aux cartes, chanter et manger. Il ne mit qu'un pied dehors quand il se fit déjà "agresser" par Nusso, son conseiller.

-Sire, où étiez-vous donc passés ?? On s'est beaucoup inquiétés ici, on croyait que vous vous étiez fait emprisonner !!
-Voyons, mon cher Nusso. Emprisonné, moi ? Ne me faites pas rire ! J'ai juste aidé le roi Traylim à repousser de redoutables assassins qui avaient pénétré dans la salle à manger.
-On a tenté de vous assassiner dans le château ??
-Mais non, puisque j'étais à l'extérieur en visite des lieux !

Le roi planta à nouveau son second, qui était à court de paroles, et monta sur son cheval, ordonnant à tous ses soldats de se préparer à partir. Là, il apperçu le petit Roi du Vent sur le seuil de la grande porte, sans doute venu pour lui dire au revoir. Matahan le regarda un instant, une partie de la cavalerie étant déjà occupée à lever le camp, et ne réussit pas à le rejoindre, gêné par les inombrables soldats qui marchaient dans tous les sens et pas du tout ordonnés. Alors il posa une main sur son coeur, sourit et éleva la voix pour se faire entendre malgré les cris des généraux qui demandaient de reformer les rangs.

-Adieu, Roi Traylim, je serais heureux que nous nous rencontrions à nouveau. J'ai beaucoup apprécié cette journée en votre compagnie. J'espère vous revoir bientôt !

Sur ce, il fit faire demi tour à son cheval et s'éloigna, Nusso derrière lui, s'assurant que le roi ne s'échappe pas à nouveau...

Traylim l'avait regardé s'en aller en silence. D'un regard un peu triste, il vit les chevaux de l'armée du Peuple du Jour s'en aller de ses terres. Le roi Matahan n'avait pas semblé aussi satisfait que lui de cette rencontre, et même si cela le désolait, il se dit qu'il esperait qu'il revienne à nouveau...et cette fois-là, Tray ferait tout son possible pour que cela se passe mieux !

- Au revoir...Roi Matahan...je souhaite pouvoir vous revoir à nouveau...murmura-t-il finalement.

Ensuite il referma la porte en soupirant. Un soldat qui gardait la porte d'entrée le regarda alors un instant. Mais il se retint de lui adresser la parole...c'est qu'il n'avait pas vraiment le droit de lui parler, au roi.

Traylim se rendit dans sa chambre (quelqu'un l'avais aidé à s'y rendre), et même s'il n'était pas très tard, il se mit directement au lit. Avant de s'endormir, il repensa à la journée surprenante qu'il venait d'avoir. Les yeux clos, son visage s'adoucissait de plus en plus, alors qu'il pensait à son nouvel ami. Le rencontrer était la plus belle chose qui aurait pu lui arriver en cette journée.